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dimanche 20 décembre 2009

9 - La mort de l'ourse Cannelle

Un ours de plus ou de moins dans les Pyrénées, quelle importance au regard de l'écologie planétaire ? Le problème est plus dans les têtes conditionnées par l'air du temps, réglées sur des valeurs à la mode, que sur le terrain. Pendant un siècle la Terre a fort bien tourné sans les ours dans les Pyrénées. En quoi l'absence de ce prédateur a-t-elle empêché les gens et les autres animaux de vivre ? Au contraire, combien de vies humaines ont ainsi été épargnées dans les Pyrénées depuis la disparition de l'ours ? L'avantage de sa disparition est réel, tout comme est réel l'avantage de la disparition du loup de la totalité de notre territoire.

Un siècle après la disparition de l'ours des Pyrénées l'Homme a voulu le réintroduire dans son ancien habitat. L'échec fut total. Selon certains, cet échec serait le prélude à une sorte de fin du monde, juste parce qu'une ourse n'a pas survécu à sa nouvelle condition d'animal sauvage... (Remarquons au passage que cette liberté d'artifice l'a tuée, alors que la cage l'aurait sauvée.) Bref, d'après les écologistes ce serait une catastrophe... Allez donc dire ça aux gens qui souffrent la faim dans les pays pauvres ! Soyons sérieux, et surtout faisons preuve de décence car les vraies catastrophes sont ailleurs en vérité.

Pendant un siècle il n'y a pas eu d'ours dans les Pyrénées. Où est-elle cette prétendue catastrophe longue de un siècle? Je ne suis pas anti-écologiste, bien au contraire. Seulement je défends les vraies causes écologiques sans me ranger aux côtés de ces parisiens épris de jolis sentiments par pure sensiblerie, qui pensent avec les fibres les plus légères de leur coeur citadin, incapables qu'ils sont d'analyser les situations sur le terrain.

Certaines bonne âmes se lamentent sur le sort de l'ourse Cannelle tuée par un chasseur de manière anecdotique, et qui plus est tombée proprement, nettement sous ses balles, mais je ne les entends nullement élever la voix concernant le sort des millions d'animaux que nous torturons industriellement, que nous massacrons sans aucune pitié dans les abattoirs, véritables camps d'exterminations pour volailles, ovins, porcins, bovins, lieux absolument indignes de gens civilisés ! Et tout ça au nom de nos estomacs de nantis infoutus de s'abstenir d'ingérer de la viande. Alors que l'homme pourrait fort bien s'en passer et vivre en meilleure santé en remplaçant la viande par des protéines issues de produits non carnés (laitages, végétaux, oeufs, poissons).

Il n'y a pas de progrès véritable sans rupture avec certaines habitudes ancestrales. Le problème de l'ours des Pyrénées a surtout valeur de symbole. Dans les faits, l'ours est un problème insignifiant au regard des abattoirs qui sont des lieux d'abomination extrême. Là, à un rythme industriel on met fin à l'existence de millions d'animaux (élevés en batteries dans le pire des cas). Remarquons que la mort de l'ourse Cannelle émeut surtout les "parisiens" carnassiers au coeur de porcelaine. Ils ont certes des moeurs délicates, mais aussi des palais fins, des estomacs avides de chair animale...

Le comble en ce cas, n'est-ce pas de se désoler avec des trémolos dans la voix -et la bouche pleine- de la disparition de l'ours des Pyrénées ? Se désoler en plein dîner du sort de l'ourse tuée par un chasseur, se désoler de la sorte autour d'un gigot d'agneau ou d'un pot-au-feu, quelle ironie ! Perversité inouïe des moeurs écologiques !

Avant de vouloir faire évoluer les mentalités en visant les sommets, commencez par le bas, vous les défenseurs de belles causes. Allez d'abord répandre l'idée que les abattoirs industriels sont des abominations, au lieu d'aller stérilement voler au secours d'un individu dont l'espèce est de toute façon en voie d'extinction. Faites-vous végétariens. Allez militer pour l'abolition des abattoirs. Allez manifester contre la puissante institution bouchère. Là vous serez cohérents, là vous serez héroïques, là vous ne serez pas vain. Laissez donc de côté votre ourse Cannelle, allez plutôt brandir des pancartes dans les abattoirs, les boucheries industrielles et artisanales. Vous y délivrerez un vrai message écologique.

Et relativiserez la mort de l'ours Cannelle, soyons-en persuadés.

Je ne suis pas animé par la sensiblerie citadine mais par de vrais sentiments de justice, par une pensée lucide, pénétrante des problèmes liés à l'écologie, à nos rapport avec la gent animale. Imaginez que l'espèce en voie d'extinction réintroduite dans son ancien élément naturel ne fût pas l'ours des Pyrénées mais le mulot commun de nos plaines... Monteriez-vous ainsi au créneau pour défendre ce minuscule rongeur ? Lui n'a pas l'avantage, au contraire de l'ours, d'être gros donc visible à l'échelle humaine, et surtout il n'inspire pas le même degré de sympathie chez les humains, ce qui est un facteur parfaitement arbitraire. Donc injuste. Ce que vous feignez d'ignorer, me semble-t-il, vous les défenseurs de l'ours des Pyrénées. L'ours a pour lui d'être gros et touchant. Il a ses doubles en peluche dans notre mémoire collective. Le mulot lui n'a pas cette place de choix dans le coeur des hommes. Abolissons d'abord ces espèces de privilèges accordés aux animaux, rendons-les égaux devant la souffrance qu'on leur inflige, ensuite vous pourrez me reparler de votre ours des Pyrénées.

2 commentaires:

  1. avant toute chose et pour info je ne suis pas parisienne mais bien sarthoise, fille de la campagne qui plus est...

    "Vues saines et posées sur l'écologie" ? très prétentieux me semble-t-il.

    je suis d'accord sur le fait qu'il y a eu des erreurs dans la manière de procéder quant à la réintroduction des ours, mais bon pour info Cannelle était la dernière représentante de l'espèce des ours des Pyrénées (qui n'a pas disparu pendant un siècle -au passage - sinon elle ne serait même pas née, simplement en voie d'extinction "Express". Il faut faire attention quand on dit quelquechose d'aussi vérifiable, soyons sérieux.
    par ailleurs quand on connait l'importance des écosystèmes et des réseaux trophiques, alors OUI il faut s'inquiéter de la disparition des grands prédateurs sauvages. En plus et jusqu'à preuve du contraire les chiens errants font bien plus de dégâts qu'ours et loups réunis et cher monsieur vous n'avez pas trop l'air de savoir de quoi vous parlez...
    et je suis désolée, je m'indigne également de l'extinction (due à l'homme/et la Sarthe est très concernée oui oui oui) du pique-prune alors que c'est aussi très petit et que c'est pas forcément très mignon hein.
    encore un échec quant à la capacité de l'homme à préserver son environnement.

    et encore un mot en passant, le fait de tuer des bêtes d'élevage en abattoir bien qu'on ait pas à en être fiers n'a absolument rien à voir avec le sujet présent ni avec l'écologie (si encore vous parliez des conditions d'élevage et ce de façon pertinente... mais bon c'est pas le cas).
    CECI s'apparente beaucoup plus à une sensiblerie de bas étage et votre réflexion manque beaucoup de maturité (j'avais la même réflexion à 12 ans - mais il faut bien remettre les choses dans leur contexte)
    à bon entendeur...

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  2. Bonjour,

    moi non plus je ne suis pas parisienne...ce qui ne m'empêche pas d'être tout à fait d'accord avec marln! (je viens de la campagne profonde des Côtes d'Armor)

    En effet, ne confondons pas la défense de causes qui relèvent de la protection et sauvegarde de notre patrimoine naturel et, protection des animaux à l'abattoir. Ce sont deux choses bien distinctes. Au passage, vous pointez du doigt la sensiblerie de "parisiens carnassiers", mais c'est justement ce même sentiment qui vous a amené, vous, végétarien ulcéré, à rédiger cette tirade. "Allez donc dire ça aux gens qui souffrent la faim dans les pays pauvres" dites-vous!! hum...pas mieux.

    Il est vrai et même extrêmement déplaisant que les conditions d'abattage laissent encore à désirer, mais ce n'est pas cet argument qui me fera arrêter ma consommation de viande, d'autant moins si on le met en compétition avec la sauvegarde d'une espèce protégée. Depuis toujours, je mange peu de viande, étant indifférente au goût voire parfois repoussée, et, si j'ai réduit ma consommation c'est plus pour apporter ma pierre à la réduction des émissions de gaz à effet de serre(afin de limiter les effets du changement climatique) que par compassion (qui signifie souffrir avec).

    Moralité, apprenez que pour défendre une cause qui vous tient à cœur, il est souvent préférable d'aller chercher d'autres arguments que celui qui consiste à mettre en opposition votre cause à une autre toute aussi importante (en tout cas à mes yeux).

    Je terminerai sur votre dernier paragraphe: les écologistes monteront toujours au créneau pour la sauvegarde d'éléments de notre patrimoine. Le pique-prune en fait partie tout comme le grand hamster en Alsace. Ah, ce n'est pas un mulot, je vous l'accorde, mais il s'agit aussi d'un micro mammifère autour duquel il y a énormément de débats actuellement. Les écologistes se mobilisent aussi pour la musaraigne aquatique et le campagnol amphibie qui sont deux espèces protégées... et, s'il fallait se mobiliser pour une bactérie en voie de disparition qui serait un maillon essentiel de réseaux trophiques, les écolos le feraient!!

    ... je vous laisse méditer sur ces derniers mots...

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